EDITO
« Même la partition, si impérative qu’elle se veuille dans la musique occidentale, n’est qu’une série incomplète de jalons, et attend qu’un être vivant s’en empare. »
Olivier Revault d’Allones
Les libertés prises avec le temps, celles qu’il donne de par son ouverture, favorisent nombre de phénomènes étranges qui, malgré leur différence d’âge, ont tous en commun une soif inextinguible d’étonnement.
Jouer avec le temps, faire mine de le dompter, de l’abolir tout en étant totalement conscient de la vacuité de l’entreprise. Toutes les musiques (ou presque) ont une relation quasi fusionnelle, haine / amour, avec l’improvisation.
Le point commun entre les musiques baroques et les musiques improvisées telles que nous les connaissons et pratiquons aujourd’hui est sans doute l’irrépressible attrait pour la surprise. Les musiciens qui s’y adonnent n’ont qu’une crainte : l’ennui - sachant pertinemment que le pire ennemi de la musique est le prévisible.
Dans ces formes qui semblent diamétralement opposées, on trouve des musiciens qui passent de l’une à l’autre, contredisant toutes les théories sur l’imperméabilité des genres. Il n’est pas question de réunion des extrêmes mais bien d’une identité remarquable face au fait d’improviser.
Qu’elle existe au travers des musiques de William Dongois ou de Borbetomagus (relayées par bien d’autres !), cette identité, à l’inverse de ce que ce terme peut véhiculer par les temps qui courent, se revendique et existe comme un domaine de liberté où sont accueillis sans discrimination tous les plaisirs de l’inattendu.»
Jean-Marc Montera
